L'évaluation du FMI met en évidence ce que beaucoup d'entre nous savent déjà : le Portugal a connu une reprise impressionnante depuis la pandémie. En 2023, notre croissance a dépassé la moyenne de la zone euro, en grande partie grâce à la vigueur de la consommation privée, aux exportations et à l'utilisation intelligente des fonds de l'UE. Le chômage est faible, l'inflation est en baisse et la dette publique a chuté de 36 points de pourcentage depuis 2020. Ce sont toutes des raisons d'être fiers de ce que nous avons accompli.

Mais ce moment de succès est aussi un moment de réflexion. Bien que nous avancions dans la bonne direction, le FMI souligne à juste titre quelques défis sous-jacents qui pourraient nous freiner à long terme si nous ne les réglons pas rapidement.

L'un des principaux problèmes est la faible croissance de notre productivité. Malgré une forte dynamique économique, nos niveaux de productivité restent obstinément faibles par rapport à ceux d'autres économies avancées. Il s'agit d'un problème structurel qui doit être résolu par des réformes, en particulier dans la façon dont nous abordons le marché du travail, l'éducation et la réglementation des entreprises.

Un autre domaine dans lequel nous devons nous améliorer est celui de l'investissement. Bien que nous ayons constaté une croissance, elle n'a pas été aussi robuste que nous en avons besoin pour un développement durable à long terme. Nous ne pouvons pas compter éternellement sur des coups de pouce à court terme : nous avons besoin de plus d'investissements, en particulier dans les secteurs qui stimuleront la croissance future, comme la technologie, l'énergie verte et la numérisation. Le FMI l'a souligné, et je pense que c'est quelque chose sur lequel nous, en tant que pays, devons nous concentrer.

Le vieillissement de la population est un autre défi qui pèse lourdement sur notre avenir économique. Avec moins de personnes entrant sur le marché du travail et plus de personnes prenant leur retraite, ce changement démographique exercera une pression croissante sur les services publics et les systèmes de retraite. Bien que cela ne soit pas propre au Portugal, nous devons commencer à nous préparer dès maintenant pour atténuer l'impact dans les années à venir.

Cela est lié à la productivité. Si nous pouvons créer un marché du travail plus flexible et moderne, nous pouvons mieux gérer ce changement démographique en maintenant l'engagement des travailleurs âgés tout en créant des opportunités pour les jeunes générations.

Le FMI a également salué la gestion budgétaire du Portugal, et à juste titre, atteindre un excédent budgétaire et réduire la dette publique de manière aussi spectaculaire depuis 2020 n'est pas une mince affaire. Cependant, nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers. Le FMI recommande de maintenir de légers excédents budgétaires à court et à moyen terme, et nous devons continuer d'être prudents à l'égard des nouvelles dépenses et des réductions d'impôts. Toute politique budgétaire expansionniste doit être équilibrée par des mesures qui créent un espace budgétaire pour davantage d'investissements publics.

La bonne nouvelle, c'est que notre solide situation financière nous donne l'occasion d'affecter davantage de ressources aux secteurs qui comptent, comme les investissements publics dans les infrastructures, l'éducation et les technologies vertes. Mais nous devons nous assurer que nous dépensons judicieusement, ce qui signifie améliorer l'efficacité du secteur public.

Notre secteur financier s'est bien redressé, mais il y a encore des risques, notamment sur le marché immobilier. Alors que les prix de l'immobilier continuent d'augmenter, le FMI suggère à juste titre que nous restions vigilants et prêts à agir si nécessaire. Nous avons déjà mis en place certains outils macroprudentiels, mais nous devrons peut-être en envisager davantage, d'autant plus que les taux d'intérêt élevés commencent à affecter la capacité des emprunteurs à rembourser leurs prêts.

Le FMI a également souligné l'importance de notre transition écologique. Le Portugal s'est fixé des objectifs ambitieux, et à juste titre. Notre avenir repose sur l'énergie propre, la durabilité et l'économie numérique. Nous avons fait de bons progrès, mais nous pouvons faire plus. La transition verte ne consiste pas seulement à réduire les émissions, mais aussi à créer de nouvelles opportunités économiques, à stimuler la productivité et à positionner le Portugal comme un leader dans la prochaine vague d'innovation mondiale.

Au-delà des politiques vertes, nous devons accélérer notre transformation numérique. Cela aidera non seulement les entreprises à devenir plus compétitives, mais aussi à améliorer les services publics et à créer une économie plus dynamique dans son ensemble.

En réfléchissant aux conclusions du FMI, je ressens à la fois de la fierté pour ce que nous avons accompli et un sentiment d'urgence face à ce qui va suivre. La reprise économique du Portugal est une réussite, mais ce n'est pas la fin du voyage. Nous pouvons poursuivre sur cette lancée, mais nous devons nous attaquer à nos défis de longue date : la productivité, l'investissement, le vieillissement de la population et la nécessité d'une plus grande discipline budgétaire et d'une plus grande stabilité financière.

Si nous parvenons à maintenir le cap, à faire les bons investissements et à poursuivre les réformes, il n'y a aucune raison pour que le Portugal ne puisse pas continuer à prospérer et à s'assurer un avenir brillant et durable. Célébrons le chemin parcouru, mais travaillons aussi sur la direction que nous devons prendre ensuite.


Author

Paulo Lopes is a multi-talent Portuguese citizen who made his Master of Economics in Switzerland and studied law at Lusófona in Lisbon - CEO of Casaiberia in Lisbon and Algarve.

Paulo Lopes