Cela peut sembler une bonne idée au départ, mais un examen réaliste des faits, des coûts et du potentiel de passagers ne laisse qu'une seule conclusion. Il est temps de se confronter à la réalité.
La première question à se poser est la suivante : existe-t-il une demande suffisante pour une telle liaison ? Existe-t-il un potentiel qui justifie l'investissement dans la création de cette liaison ? Nous disposons déjà d'une superbe liaison autoroutière, ininterrompue, entre l'Algarve et Séville. J'ai emprunté cette route à de nombreuses reprises, elle est à deux heures de Séville et je n'ai jamais vu la route surchargée. Si je suis espagnol et que je prévois de prendre des vacances en Algarve, je voudrais apporter ma voiture, pourquoi devrais-je la louer à mon arrivée ? Ce n'est pas une grande distance et tout le tronçon espagnol est gratuit.
Depuis Albufeira, il y a au moins trois cars express par jour pour Séville, à partir de 15 €. Ils sont rarement complets.
Y a-t-il une demande pour cet itinéraire ?
Pour que cette ligne soit vaguement viable, il faudrait des centaines de passagers pour chaque train. Il ne fait aucun doute qu'il existe une forte demande pour la possibilité de voyager de l'Europe du Nord au Portugal en train à grande vitesse. L'itinéraire passera par Madrid et Lisbonne. Cet itinéraire est déjà en construction ou en pleine exploitation. Selon l'Union européenne, tous les éléments nécessaires à la mise en service du tronçon de 178,6 km Plasencia-Cáceres-Badajoz de la ligne ferroviaire à grande vitesse Madrid-Lisbonne sont mis en place dans le cadre d'un projet financé par l'UE. La voie ferrée est en cours de montage, la ligne est en cours d'électrification et les installations de sécurité, de signalisation, de télécommunications et auxiliaires sont en cours d'installation.
La construction de la ligne à grande vitesse, qui fera partie du corridor atlantique du réseau transeuropéen de transport (RTE-T), améliorera les infrastructures de transport en Espagne. Elle la rapprochera davantage du reste de l'Europe en ce qui concerne des aspects tels que l'écartement des voies, augmentant ainsi l'interopérabilité ferroviaire. De Lisbonne à l'Algarve, il existe déjà un service ferroviaire à grande vitesse.
Lisbonne Porto en une heure et 15 minutes
C'est en ces termes que Pedro Nuno Santos, ministre portugais des infrastructures et du logement, a décrit la décision du gouvernement de relancer la ligne à grande vitesse Porto-Lisbonne, qui reliera les deux plus grandes villes du Portugal en une heure et quinze minutes environ, réduisant ainsi de moitié les temps de trajet.
L'un des "problèmes" semble être que la gare internationale de Lisbonne soit Santa Apolónia, et que le réseau portugais à grande vitesse est construit autour de la gare d'Orient, à côté de l'ancien site de l'exposition. Le métro relie les deux gares en dix minutes, avec trois trains par heure, mais la présence de deux terminaux à Lisbonne est un problème potentiel pour un service sans escale depuis Madrid. Malgré cela, il ne fait guère de doute que Lisbonne sera le centre ferroviaire international du Portugal.
Séville - Faro : la réalité
La liaison ferroviaire existante entre Séville et Huelva est opérationnelle mais pas à grande vitesse. De Huelva à Ayamonte, c'est une toute autre affaire. La ligne a été achevée juste au moment où la guerre civile espagnole a commencé ; elle a été saisie par les rebelles en août 1936 qui l'ont utilisée à des fins militaires. La ligne a finalement été ouverte à l'usage civil, tant pour les passagers que pour le fret, au début de 1940. La ligne a été fermée au trafic en 1987 et la voie a été retirée par la suite.
Convertir cette ancienne "voie" désaffectée en une ligne ferroviaire à grande vitesse serait un projet qui se chiffrerait en milliards, même si le tracé s'y prêtait. Ensuite, il y a le problème "mineur" de contourner Ayamonte et de traverser la rivière. Ensuite, le Portugal devrait convertir la ligne existante de Vila Real à Faro en ligne à grande vitesse. Soyons réalistes, Lisbonne sera la plaque tournante internationale du rail, avec des connexions à la grande vitesse vers le sud et le nord.
C'est un rêve mais pas une réalité
Dès le début du XXe siècle, le Portugal a cherché à établir un lien avec l'Espagne au sud de la péninsule. Dans le cadre de cette politique, un décret du gouvernement portugais promettait de généreuses subventions à toute entreprise prête à exploiter un chemin de fer entre Huelva et Ayamonte. Cependant, tous les travaux de la ligne ont été arrêtés alors qu'un peu plus de 10 % du montant budgété avait été dépensé, en raison de la Grande Guerre. Aujourd'hui, nous avons une autoroute.
Le Connecting Europe Express
En septembre dernier, sans grande publicité, le "Connecting Europe Express" a quitté la gare de Lisbonne pour un voyage de cinq semaines qui s'est arrêté dans plus de 100 villes. Ce train spécial avait pour but de mettre en lumière les difficultés qui empêchent le rail de devenir un mode de transport plus populaire auprès des Européens. Il s'est arrêté dans 26 pays et a parcouru 20 000 kilomètres, pour s'achever à Paris le 7 octobre. Tout porte à croire que Lisbonne sera la plaque tournante du train à grande vitesse dans un avenir proche. La Commission européenne a déclaré que 2021 serait L'année du rail pour célébrer les gens qui explorent en train. Le train deviendra une alternative plus viable et plus attrayante au transport aérien.
Une note de bas de page sans intérêt
Seuls les plus grands amateurs de voyages en train trouveront cela intéressant, mais la semaine dernière, on a annoncé qu'il était désormais possible de se rendre de Lagos à Singapour en train. 99 % de nos lecteurs préféreraient le train à grande vitesse Londres-Portugal, mais pour en savoir plus, suivez ce lien : https://www.euronews.com/travel/2021/12/14/portugal-to-singapore-could-be-the-longest-train-journey-in-the-world-but-how-much-does-it.
En attendant, oubliez la liaison ferroviaire entre Séville et Faro, qui n'est au mieux qu'un rêve. Ce n'est ni viable ni nécessaire. Ce que vous pouvez espérer, c'est un voyage de l'Europe du Nord au Portugal, rapide, confortable et vraiment attrayant.
Resident in Portugal for 50 years, publishing and writing about Portugal since 1977. Privileged to have seen, firsthand, Portugal progress from a dictatorship (1974) into a stable democracy.